Dans le silence de la crypte, le rituel du Sang Canidale était achevé. Le chevalier gisait sur l’autel. Sa poitrine frémit. Sa respiration reprenait. Les loups s’agitèrent. Darkhan par un grognement ramena le calme et la meute se rassit.
J’ouvris les yeux. Pendant quelques secondes, je ne sus plus où j’étais, puis tout me revint en mémoire.
-« Le Sang Canidale a parlé ! Dans vos veines, coule désormais la mémoire des loups depuis l’aube des temps. Refermez les yeux, Maître, et laissez-moi vous guider dans les méandres du temps. »
Encore faible, j’obéis sans plus me poser de questions. Une succession ininterrompue d’images, de sensations, de combats, de chasses et de tout ce qui compose la vie d’un loup défila dans ma tête. J’appris non seulement leur histoire, mais aussi leurs mœurs, leurs coutumes, leurs habitudes et leur langage.
Cette fois, lorsque mes paupières se soulevèrent de nouveau, je m’essayais à communiquer par la pensée avec Darkhan, chef de la meute, dont j’étais désormais le maître.
-« Merci. Mais, je ne comprends toujours pas pourquoi j’ai été choisi. »
-« Peu importe le pourquoi Maître, ce que les Dieux veulent, doit être accompli. Vous pouvez, maintenant communiquer également avec le chef du Conseil Runique. Pensez à son nom, et vos pensées iront vers lui. »
-« Mais, je ne sais pas comment il s’appelle… »
-« Ingmar est son nom »
Fermant les yeux, je fis ce que Darkhan m’avais dit. Au début, rien, puis un léger frisson et … surprise… une voix me répondit. Ce n’est pas tant la réponse qui m’étonnait mais le fait que c’était un homme. Bien que le prénom ait une consonance masculine, mon ignorance des prénoms de ce peuple ne m’avait pas préparé à cela.
-« Oui, Maître des loups, je suis Ingmar. Darkhan va vous conduire près de moi. Nous avons à parler. »
Le loup semblait avoir entendu lui aussi, car il se retourna et sortit. Lorsque mes pieds touchèrent le marbre froid du sol, je titubais quelque peu, puis retrouvant mon équilibre, je m’élançais afin de le rattraper.
Je le retrouvais en haut du dédale de marches, devant une porte de chêne, que je n’avais pas remarquée en descendant.
Elle s’ouvrit sans bruit. Une odeur de fleurs séchées que l’on brûle s’échappa, Darkhan me jeta un dernier regard :
-« A bientôt, Maître, en ces lieux je ne peux pénétrer. Appelez-moi quand vous le souhaitez. »
-« Merci pour tout Darkhan. »